Certaines contraintes apparaissent régulièrement comme des opportunités si l’on accepte de les considérer ainsi. La responsabilité sociétale des entreprises nous est apparue un terrain particulièrement propice, et plutôt que de se placer entre le romantisme de certaines intentions ou le catastrophisme perçu par certains, nous avons donné la parole à une contributrice « millénnials » qui démarre actuellement sa vie professionnelle en apportant son regard neuf et enthousiasme.

Nous remercions vivement Marie SOCQUET et sommes convaincus de l’intérêt que vous trouverez à découvrir sa contribution. marie.socquet@sciencespo.fr

Le jeune actif – ou en passe de l’être – lancé dans la recherche d’emploi peut observer le marché du travail avec circonspection et scepticisme.

D’une part, parce que l’entreprenariat et le modèle des startups sont aujourd’hui érigés au rang de religion, tandis que le salariat semble avoir perdu ses lettres de noblesse. Dès lors, que faire si l’on ne possède pas l’âme aventurière d’un entrepreneur, ou que l’on préfère – pour le début de sa carrière au moins – apprendre au contact de collègues, qui deviendront parfois mentors ?

D’autre part, parce que la génération « Y » semble effrayer les recruteurs. Versatiles, impatients, peu fiables… peut-être les « millénnials » (entendus comme les 18-30 ans) sont-ils tout cela !  Mais las des entretiens bien huilés (« Quelle expérience avez-vous dans ce domaine ? – Peut être aucune, et c’est bien pour cela que c’est un nouveau challenge ; Quel poste aimeriez-vous occuper dans 5 ans ? Dans 10 ans ? – Est-on encore réellement capable de se projeter à si long terme tant les évolutions sont rapides aujourd’hui, et les métiers de demain à inventer ?) et des exigences toujours si longues pour rentrer dans les cases du profil idéal, ces jeunes se heurtent souvent à une désillusion : le marché du travail – celui de l’entreprise au moins – ne les inspire plus.

Est-ce pour cela que l’entreprenariat est tant valorisé aujourd’hui ? Ce dernier permettrait de travailler pour ce qui fait sens, d’apporter flexibilité des horaires et agilité des compétences. Être acteur plutôt que spectateur. Cocher toutes les cases des exigences cardinales des « millénnials » dans le monde professionnel :

  • Quête de sens
  • Transparence, authenticité, éthique
  • Exigence, équité.

Mais est-ce vraiment si simple ? L’entreprenariat charrie aussi son lot de précarité pour les jeunes, et à y regarder de plus près, ces valeurs clés rejoignent celles de la RSE pratiquée en entreprise. Ainsi, pourquoi ne pas regarder la RSE comme moyen de « ré-enchanter » l’entreprise, ou tout du moins d’embarquer de nouveau les jeunes actifs dans son aventure collective ?

Une vision « holistique » et intégrée de la RSE…

De la même manière que la notion de « durabilité » devrait être intégrée pleinement au sein de chaque politique publique plutôt que d’avoir un ministère dédié, la RSE devrait irriguer toutes les stratégies de l’entreprise plutôt que d’en constituer une stratégie en parallèle. Bien au-delà d’un reporting extra financier ou d’un simple effet de mode, la RSE constitue véritablement un fil conducteur, une vision partagée des dirigeants, managers et salariés sur le « pourquoi » de l’entreprise. S’interroger sur le « pourquoi » de son activité permet d’y donner du sens au quotidien, de se ré-approprier les enjeux, de s’engager. La RSE doit être portée par les salariés et incarnée par les managers. Nul doute que ce fil conducteur constituera une vraie force d’inspiration pour les jeunes actifs.

Concrètement, cela peut se traduire par :

Le changement d’approche dans le recrutement pour détecter de nouveaux talents :

  • S’ouvrir aux profils atypiques : déceler « l’agilité » des candidats et la transférabilité de leurs compétences, mesurer leurs envies, interroger leurs expériences d’où découlent nécessairement la source de motivation qui les a poussés à candidater dans votre entreprise. Un ingénieur ne deviendrait pas forcément chargé de communication, quoique…
  • Sortir des modèles de carrière classiques : un salarié qui n’est pas forcément resté « au moins x années » dans une entreprise n’est pas forcément peu fiable, mais place peut-être son éthique et ses valeurs au-dessus de sa trajectoire de carrière. Questionner – avec bienveillance et sans jugement – pour comprendre les parcours de chacun.

La communication, la transparence, la confiance :

  • Indiquer la direction, expliquer/partager les finalités d’un projet avec les salariés. Un projet incompris entraîne souvent un faible engagement. Et un jeune actif a besoin de comprendre pour s’impliquer. Communiquer permet aux salariés de s’approprier les projets dans lesquels ils verront une opportunité concrète d’engagement.
  • De même, être confiant et responsabiliser les équipes : communiquer sur le « pourquoi » d’une mission, définir la finalité, et surtout laisser des marges de manœuvre sur le « comment ».
  • Oser transmettre ses compétences (cela sera aussi perçu comme une marque de confiance).
  • Être exigeant, réaliser avec bienveillance des retours sur le travail de ses collègues.

La flexibilité :

Par exemple, être ouvert au télétravail si la profession le permet. Une plus grande flexibilité peut favoriser in fine l’engagement. En plus d’un impact sur la productivité, c’est aussi preuve que l’on se soucie de réduire l’empreinte carbone de l’entreprise.

La RSE, dans une démarche globale et sincère au sein de l’entreprise, redonne un sens à l’activité et redynamise les équipes, inspire tout simplement. C’est un pare-feu à la désillusion croissante de la jeunesse active. La RSE constitue finalement un terrain de rencontre entre « millénnials » et entreprises, qui ont finalement beaucoup à partager.

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